Jour de funérailles nationales. Johnny a mis le blues à tout le monde, il pleut dehors, les gens commencent à courir après leurs cadeaux de Noël. Pas terrible pour dédicacer un roman sur l’art de vivre mieux dans un monde plus vrai !
Malgré tout j’ai bravé les circonstances, invitée par le centre culturel Leclerc dans ce petit port où je suis née (qui d’ailleurs n’est plus guère qu’un port de loisir). Ils sont passés me voir, me soutenir tout au long de la journée, amis et personnes de la famille. Évocations d’enfance et de cousinage, décès récents dont celui de mon père, innombrables chantiers qui détruisent le pays — on me raconte les cyprès abattus par des pelles mécaniques, lui au moins n’est plus là pour le voir. Le pays a tellement changé depuis que nous errions adolescents désœuvrés sur les falaises d’hiver.
Embrassades.
Merci d’être passés. On se revoit bientôt.
Si on est encore là… Tu sais, le temps passe, on n’est plus si jeunes…
Mais je reviens au printemps.
Alors on t’attendra. On t’attendra.
Toujours une barre au ventre au moment de partir. Ils serrent leur livre contre eux, ils me liront, je le sais.
Enfin je salue le libraire, je remets mon manteau. Le noir m’engloutit et la pluie me soulage.
Photographies : Dominique Nobilleau, Pornic, 9 décembre 2017