récit biographique et poétique
CLC éditions, 2010

 

« Richarme a croisé ma route. Par hasard.
J’ai eu envie de comprendre pourquoi cette femme avait consacré sa vie à l’art de peindre. Pas à pas, j’ai senti vibrer sa voix, sa passion, ses chagrins. »

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  ARTICLES DE PRESSE

Le livre s’ouvre sur l’atelier du peintre dans ce mas autour de Montpellier où elle a résidé près de trente ans. Ensuite, neuf chapitres — ou fragments. Chacun porte le nom d’une toile (entre 1939 et 1989).
La mémoire et les sentiments des personnages vivants — les deux témoins et l’écrivain — alimentent le récit et permettent d’approcher la figure de cette femme peu ordinaire.
On s’interroge sur les moteurs de la création et sur la reconnaissance nécessaire à l’artiste.
« L’écriture – ou la peinture – raconte au-delà de l’histoire personnelle, tentant de s’approcher à force de travail et de brûlure d’un langage qu’on pourrait qualifier d’universel.»

site RICHARME

LIEN VERS LA LECTURE-CONCERT

Colette Richarme est née en Chine au début du XXe siècle et s’est installée en Languedoc à la fin des années 30. Elle a consacré sa vie à l’art de peindre.
L’écrivain entend parler d’elle pour la première fois en 2007. Touchée par son langage pictural et sa puissance de travail, elle décide d’écrire ‘autour d’elle’. S’appuyant sur des entretiens réguliers avec les filles de l’artiste, une forme de récit s’élabore entre biographie, trajet intime et réflexion sur la peinture.
Car c’est au prix d’un chemin patient et passionné que se dévoilent aux sens de l’écrivain – et à ceux du lecteur – la vie intérieure et l’art de Richarme, femme solitaire forgée aux épreuves qui a connu, en s’engageant dans la peinture, l’extase et la mélancolie à un point que nul ne peut imaginer.
Dialogue sensible défiant le temps, Au-delà du blanc réunit deux femmes artistes habitées d’une même ferveur, l’une semblant prolonger l’existence de l’autre, tout en préservant le mystère de ce qui parfois se joue entre les êtres.

FRAGMENT

1970. Mas Psalmodie en Languedoc. Richarme est dans son atelier. La fenêtre dans son dos délivre la lumière du nord. L’autre fenêtre, plein sud, a les volets clos. Tout est en ordre. Elle est en train de peindre, pas question de la déranger. Si elle devait penser à quelqu’un – je veux dire, à autre chose qu’à la peinture –, ce serait à ses filles Michèle et Janik qui s’inquiètent souvent pour elle.
Ses parents, eux, sont morts depuis longtemps.

Quelles que soient la nature du ciel et la température de l’air, elle n’ouvre jamais les battants des fenêtres. Parce qu’elle craint la poussière qui pourrait se mêler à la pâte et en gâter la finesse. Ou alors les insectes, on ne sait jamais. Au sud, elle tire les volets pendant les heures chaudes. Ainsi la lumière se répand à l’entour de la toile avec juste ce qu’il faut de vigueur et d’élasticité après avoir enflammé les garrigues et avant de poursuivre vers la mer Méditerranée.
Au début elle peignait debout, contrainte par l’exigüité des pièces ou autres circonstances. Maintenant elle préfère s’assoir. Pour peindre longtemps.
Voilà qu’elle suspend son geste,
semble réfléchir,
plisse les yeux pour mieux percevoir ce qui s’ébauche.
Elle croit dur comme fer en ce qu’elle fait même si rien n’est directement mesurable des avantages récoltés à accomplir ce genre de travail. Au stade où elle en est arrivée et à ce moment-là de la partie, elle ne pense plus au commencement des choses. Seulement au jour en train de passer, au sentiment en train de l’habiter.
Tout paraît maillé dans l’instant : grain de la toile, grain de la peau, souffle, rythme, couleur.
C’est l’esprit qui la guide.

octobre 2010 – EAN : 9782846590709
280 pages – 9 planches couleurs – 28,50 €

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