
TERRE,
un mot qui est notre essentiel. Sableuse ou rocheuse, fracturée ou marécageuse, âcre ou odorante, brûlante ou enneigée. J’y reviens sans cesse, chaque jour. Terre. Pas seulement la planète, mais aussi le champ, le sol, la matière molle, le plancher et tout ce qui lui est attaché. Ce qui s’y développe, s’y accroche, s’y arrime, s’y cultive, tout ce qui constitue notre paysage, notre manger, notre oxygène.
Il y a des terres d’enfance,
des terres-déserts, des terres de feu,
des terres-jardins,
des terres de glace, des terres aquatiques,
des terres d’aventure,
des terres pour nos morts.
On le sent bien. Le mot émet une odeur, une couleur, une nature, une mémoire. De quoi creuser nos sillons et nos territoires personnels.
F.R.
Cet atelier, on l’attendait, repoussé du début juin à l’automne à cause de certaines circonstances, fragilités de la vie ou impossibilités, des choses qu’on ne maîtrise pas. Alors ce rendez-vous, on l’attendait vraiment, et il fut très doux. Comme on l’imaginait… Marie-Claude, Régine et Fabienne nous ont manqué, mais Huguette venait pour la première fois et Jacqueline Lou avait bien noté la date dans son agenda ! Et chacun s’est laissé happé par le sujet proposé, vaste, autant dire sans limites.
Pour composer, inventer, raconter, le mot TERRE a suffi. En voici les premiers élans :
le mot est fort, glisse entre les langues, les dents,
résonne, percute
TERRE… TERRE
(Éliane)
Les pierriers débaroulent sous les pas, envahissent les sentiers,
se prélassent et s’entassent, mordent les herbes rares,
grondent sous le vent qui les emporte.
(Martine)
Dans le jardin potager
les rats taupiers sous terre rongent les racines des poireaux et des salades étalées
sur la terre noire et profonde retravaillée par les vers de terre.
(Élisabeth)
planète sphère atmosphère
océans continents eaux vies territoire
terrain terroir souterrain pied à terre
terre à terre enterrer se terrer enraciner déraciner
(Chris)

marcher / roches, herbe, sable, humus / TERRES multiples
voler / montagnes, plaines, déserts, forêts / TERRES magnifiques
espace / manteau bleu du ciel et trainées blanches des nuages / TERRE unique
(Vincent)
terre riche de vie, offrant les fleurs, les fruits naissant de ton sein
(Jacqueline)
s’approcher, enfoncer ses pas dans la boue,
glisser dans le désir de rouler dans cette pâte visqueuse et sombre,
s’y oublier, s’y unifier
(Huguette)
l’eau dissout la terre
la terre chante dans l’eau l’eau fume par la chaleur de la terre
et la terre dit son contentement.
(Den)
Tu accueilles, Terre, la vie après des millions d’années à vivre seule, minérale, eau et feu.
(Jacqueline Lou)





Et comme à chaque fois, nous nous retrouvons dans un jardin. En ce mois de septembre, c’est celui de Lydia à Lavérune, amie de longue date, qui a toujours fréquenté et aimé l’atelier. Elle nous accueille avec beaucoup de joie et sa chatte, si délicate, semble nous trouver fréquentables. Le ciel est clément, on a de la chance…
écouter les 10 voix
suffit de cliquer au hasard sur les 10 images ci-dessous pour y reconnaître les voix et textes de :
Vincent, Jacqueline, Martine, Huguette, Éliane, Lydia, Chris (qui n’avait pas enregistré son texte), Den, Jacqueline Lou et Élisabeth










découvrir le livre écrit ce jour-là


Mais non, on n’a pas fait que dormir ! On a écrit, réfléchi, lu du Tarkos et du Claudie Hunzinger, parlé de grands cerfs et de sangliers, partagé des salades, du pain et du vin. Aussi des petits fromages des Cévennes apportés par Martine (c’est devenu une tradition !). On a parlé de nos peines et de nos réjouissances. En écriture on a fait ce qu’on pouvait, avec les forces du jour et le désir remuant à l’intérieur.










Personnellement je suis très heureuse d’avoir pu préparer et conduire ce moment avec vous, amis du Sud, amis tout court. Je vous remercie pour votre présence, pour votre implication et pour ce lien que nous cultivons depuis longtemps. Certains parmi vous m’ont connue à vingt ans. Comment cette tranche de vie s’est-elle déroulée si vite ? Alors je me dis qu’il ne faut rien rater, rien écorner de ce qui nous passe à portée de main et de cœur. Surtout retrouvons-nous bientôt, par n’importe quel moyen…
Je vous embrasse.


En faisant le tour de la table de gauche à droite : Vincent Michelin, Jacqueline Lalèque, Lydia Conti, Den Roux, Françoise Renaud, Huguette Albherne, Martine Minier, Jacqueline Lou Paris, Élisabeth Mercier, Éliane Berthelot, sans oublier Chris Barbier qui prenait la photo.
Photographies du jour : Chris Barbier et Françoise Renaud





