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regarder le monde juste à côté

lignes éblouissantes

Elle s’en venait par le chemin du port, une main en visière pour essayer de voir le plus loin possible et reconnaître l’endroit qu’il avait décrit dans son message avec une précision méticuleuse. Tout juste s’il n’avait pas ébauché un croquis pour éviter d’éventuels quiproquos — il était d’un naturel inquiet et aimait bien garder le contrôle. Comme elle approchait du bosquet de tamaris, il avait plongé sa main dans sa poche. Au toucher il avait reconnu un couteau et une cordelette bonne à tout faire, d’un genre à ficeler de la viande, à emballer des paquets ou attacher des plantes grimpantes à leurs tuteurs.

Pendant ce temps elle continuait d’avancer au milieu des lignes éblouissantes dessinées par les bords caillouteux du chemin, le remblai et la digue qui s’en filait à travers l’eau, aussi l’espace d’affleurement de l’eau. Sa tête avait un port de reine.
Il avait serré la cordelette dans son poing.
Une chose tout de même qu’il  n’avait pas prévu : elle conduisait un enfant par la main.

Bon. De toute façon c’était trop tard pour se défiler ou remettre le rendez-vous à plus tard. Un enfant, bon sang, c’était perturbant.
Pour diminuer l’impact de cette nouvelle donnée qui venait lui embrouiller l’esprit, il avait imaginé les bouchons qui flottaient au bout des lignes des pêcheurs sur la digue et les appâts qui se tortillaient, accrochés aux hameçons à quelques centimètres au-dessous de l’eau. Patiemment il avait attendu qu’elle arrive à sa portée pour sortir de l’ombre.

[…] Le fond du ciel continuait à se colorer davantage, la pâleur du matin cédant au profit d’un bleu obsédant bien que l’été n’ait pas encore tout à fait commencé.
À l’orée de la digue se dressait une construction ancienne d’aspect sobre en forme de tourelle, poste d’observation ou point d’émission de lumières intermittentes selon un code très précis, reconnaissables par les marins et répertoriées dans les livres de navigation.

Fragment – projet de roman inspiré par des photographies de Marc Dantan, FR© 2011

Photographie : Marc Dantan

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5 Commentaires

  1. denise miège 9 mars 2011

    oh! Françoise un nouveau feuilleton; j’attends la suite

  2. françoise renaud 9 mars 2011 — Auteur d'un article

    mais non, il s’agit d’un extrait d’un roman en chantier et il faudra lire le livre quand il sera paru pour le savoir…
    j’entreprendrai un nouveau feuilleton bientôt, promis
    f

  3. Denyse Carrière 9 mars 2011

    déjà un certain suspense ,en quelques lignes..et l’eau, la mer,toujours présente ,comme une trame qui se retrouve dans vos romans
    pourriez-vous être autant inspirée si vous viviez loin de la mer? l’océan ne vous manque-t-il pas?
    Que nous réserve cette nouvelle histoire?
    Je fais confiance à votre inspiration et votre talent de conteur…
    amitiés
    DC

  4. françoise Toursel 9 mars 2011

    ah! de petits extraits de futur nouveau roman, pour nous allécher… tous gourmands de ta prose que nous sommes…
    Bonne idée!!

    je ne sais pourquoi, ce passage me replonge un peu dans l’atmosphère de créatures du fleuve …

  5. Chantal Angogna 16 mars 2011

    Alléchant !! Suspense !! Je pense à un meurtre….

    Jacqueline a des idées plus poétiques avec ce promeneur… qui attend une belle rencontre sur une plage bretonne !! Attendons la suite pour un dénouement heureux ou inattendu !!

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