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Ils choisirent un bel endroit à proximité de l’eau.
Après avoir ôté leurs chaussures, ils se sentirent plus à l’aise qu’au commencement sous les tamaris et Van Bergen s’affaira sans tarder autour du panier. Il déploya la nappe, y déposa la nourriture : sandwiches au poulet et au rôti de porc avec un fond de moutarde. Il précisa qu’il avait soigneusement trié les feuilles de salade. Il avait aussi prévu un mélange de légumes à base de blé dur assaisonné de coriandre et d’huile d’olive au cas où elle n’aurait pas mangé de viande. Encore une fois il s’excusa. N’ayant pas été averti de la présence de l’enfant, il n’avait pris que deux assiettes et deux fourchettes en métal.
− Ça ira bien comme ça, dit-elle.
Il n’avait fait qu’entrevoir l’expression de son visage dissimulé par les cheveux, il se sentit néanmoins réconforté par l’intonation de sa voix.

Elle s’installa sur le coin de nappe en face de lui, jambes repliées sur le coté. Puis elle choisit un sandwich, le tendit à Matt et en prit un pour elle. Après avoir avalé une première bouchée, elle affirma que c’était délicieux, qu’elle appréciait le craquant de la salade associé au goût d’amande du poulet.
Les échancrures de sa robe laissaient voir un peu de peau du côté du cou, et aussi des aisselles. D’après la coupe, c’était une robe bon marché dont les couleurs s’étaient fanées à force de lavages.
Van Bergen jeta un coup d’œil à sa montre et scruta l’horizon en direction de la jetée.
− Les bateaux sont en train de franchir la ligne de départ. Avec ce vent qui rentre, ils ne tarderont pas à se profiler dans les parages.
Une fois son sandwich avalé, Matt se leva et courut au bord de l’eau. Il en rapporta des galets qu’il déposa autour de la nappe pour empêcher que le vent ne la retourne.

Cet enfant était vraiment beau.
Il avait de grands yeux sombres bordés de cils soyeux comme s’il était né dans le désert et il bougeait avec la grâce d’un danseur.
Elle et Van Bergen parlaient de lui en attendant le passage des voiliers et ils avaient toutes les raisons du monde pour le faire — s’ils avaient eu un chien, ils auraient parlé du chien.

− Vous savez, j’ai vraiment de la chance de garder un petit garçon comme lui.
À ce point où ils en étaient de leurs échanges, elle ressentait le besoin de mieux définir sa situation personnelle. Elle se mordit la lèvre, sourit en regardant Matt puis recommença à parler.
À ce point où ils en étaient de leurs échanges, elle ressentait le besoin de mieux définir sa situation personnelle. Elle se mordit la lèvre, sourit en regardant Matt puis recommença à parler. À cause du vent, ses cheveux remuaient et balayaient ses joues et le timbre de sa voix touchait Alexis Van Bergen en des régions de lui-même qu’il avait oubliées depuis longtemps.

Roman en cours d’écriture, ©FR 2011
Genèse –
Gn1.7 phase 3 de Yves Alleaume, 70 x 100 cm

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1 Commentaire

  1. Lydia CONTI 9 novembre 2012

    L’enfant..toujours.
    J’aurais enlevé le poulet du sandwich.
    Et puis, il a un nom flamand?
    Me voilà très intriguée.

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